La Semaine du Foncier est  un événement qui rassemble divers acteurs de la gouvernance foncière au Cameroun pour partager leurs expériences en matière de gestion foncière. Organisée depuis 2019 dans le cadre du projet LandCam,  elle est un cadre de réflexion sur la gestion apaisée et inclusive des terres. Elle permet aux acteurs de la gestion des terres et des ressources d’établir un contact privilégié avec les parties prenantes et acteurs du terrain venus d’horizons géographiques et thématiques différents, et représentatifs de la pluralité des plateformes d’expression.

Cette 3e édition qui s’est tenue du 14 au 18 novembre 2022 avait pour thème « gouvernance locale au Cameroun : innovations et perspectives » a été organisée, comme l’édition précédente (2020), en collaboration avec le MINDCAF (Ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières), dont le Ministre a présidé la cérémonie d’ouverture. Etaient également présents la Ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille, le Ministre de l’élevage, des pêches et des industries animales, le Secrétaire d’Etat au travaux public, l’Ambassadeur de l’Union Européenne, le premier adjoint au maire de la ville de Yaoundé, les Chefs traditionnels et une centaine de participants.

Durant 3 jours, des ateliers parallèles se sont tenus, à l’instar du Dialogue Parlement-Gouvernement, organisé par le REPAR, sur le thème « Concessions foncières à grande échelle au Cameroun : bilan et perspectives de la réforme en cours ». Entre autres propositions, l’on peut noter qu’il faudrait réduire les superficies cessibles en concessions, en tenant compte de la disponibilité actuelle et à venir des terres, de la nature de l’investissement, de la croissance démographique, et de la préservation de l’espace vital des communautés.

De leur côté, les autorités administratives et traditionnelles ont échangé autour de la problématique de la confection du cadastre au Cameroun. Elles se sont accordées à faire ressortir des idées plus justes et égalitaires sur la gestion de la terre. Les autorités traditionnelles ont réitéré la nécessité d’avoir un cadastre national construit autour des traditions (lois coutumières).

La question du genre a mobilisé bon nombre de participants. Dans la salle de conférence de la Fondation Friedrich Ebert à Yaoundé, à l’occasion de la semaine du foncier, l’on a débattu sur l’impact des pesanteurs coutumières et culturelles sur l’accès de la femme à la propriété foncière. Tout en démontrant que ni la loi, ni les coutumes ne discriminent l’accès à la terre par les femmes et que sur le plan de la coutume, la terre demeure un patrimoine familial. Des recommandations, l’on a proposé la réduction des pressions externes sur les terres communautaires, en accordant dans la réforme foncière en cours, un titre de propriété communautaire à chaque village, tout en renforçant l’autorité des chefs traditionnels dans la gestion des affaires foncières. Ces derniers participeraient donc à sécuriser l’accès des femmes à la terre, elles qui en ont toujours été les principales utilisatrices en milieu rural.

Une session très réussie sur l’évaluation des 10 ans des Directives volontaires de FAO a connu la participation des ministères clés, du secteur privé, des pasteurs, des maires, des dirigeants traditionnels, dont une forte délégation de 10 femmes dirigeantes traditionnelles, avec la grande contribution de l’ILC Afrique (International Land Coalition Africa). Une centaine de participants avec des perspectives intéressantes.

L’édition 2022 de la Semaine du foncier a été riche d’apprentissage et de résolutions pour l’amélioration de la gouvernance foncière, au rang desquelles la sensibilisation des femmes sur les procédures d’accès à la terre sur l’ensemble du territoire national, et la vulgarisation des opportunités offertes par le Gouvernement camerounais.